Thursday, April 13, 2017

VIVRE SIMPLE ... AUX PHILIPPINES !

Un exemple parmi tant d’autres du changement drastique, mais pas dramatique, de la vie d’un homme à la recherche d’un sens à sa vie.

Dave, un Américain d’une cinquantaine d’années, décrit ainsi sa vie : « Si je te disais qu’il y a encore cinq ans je pesais cent soixante kilos, que j’étais malade, dépressif et pas bien dans ma peau, me croirais-tu ? »

C’était en 2011, je me trouvais aux États- Unis et ma vie était au point mort.
Comme pour de nombreux occidentaux la vie n’avait pas été très indulgente avec moi jusqu’à ce début d’année 2011. Et pourtant, je pense que j’avais suivi ce qui est la norme dans mon pays.


La grande valise noire

J’avais subi un divorce, des mises à pied, une faillite, des difficultés du fait de troubles mentaux et je constatais une détérioration rapide de mon état de santé. S’il me fallait résumer ce que ma vie était devenue, trois mots me viennent à l’esprit : misérable, chaotique et désordonnée.

À mon avis, j’avais fait tout ce qui est censé être fait afin de réaliser le ‘’Rêve Américain’’.
J’étais allé à l’université, j’avais travaillé dur, je m’étais marié, j’avais fait des enfants, j’avais gravi les échelons dans mon entreprise, j’avais acheté une maison et je pensais être dans la norme, parfaitement intégré dans la le système. J’achetais les choses que les médias et le gouvernement nous disaient d’acheter pour notre bonheur, pour être heureux… En fait, je n’étais que l’un de ces moutons qui faisait ce que l’on lui disait de faire, sans réfléchir, sans demander pourquoi, j’étais totalement conditionné.

Au tout début de l’année 2011, j’ai été gravement malade et sur mon lit d’hôpital j’ai fait le point.

J’ai compris que tout ce que j’avais fait jusqu’à maintenant ne me menait à rien. Le système ne fonctionnait pas pour moi, je demeurais insupportablement malade, misérable et solitaire.
J’ai alors compris qu’il me fallait drastiquement changer le cours de ma vie.

Chez moi le changement a pris la forme d’une rencontre sur internet.
Une jeune femme qui vivait à plus de douze mille kilomètres de chez moi, une jeune femme philippine dont je suis tombé amoureux après quelques semaines d’échanges sur le net. Ce qui est étrange, c’est que j’ai tout de suite compris qu’elle m’aimait aussi.


Le bus aux sièges étroits

Je connaissais un tout petit peu les Philippines, pour y avoir fait un rapide voyage afin d’écrire un rapport, du temps où je me trouvais à l’université.

Chaque jour ma relation avec Sonia s’épanouissait. Peu à peu elle arrivait à m’extirper de la coquille dans laquelle je m’étais enfermé. Je ne pensais plus qu’à une chose, la rejoindre sur la toile le plus souvent possible  Petit à petit, les engrenages rouillés de mon cerveau malade se sont remis à fonctionner et mon esprit est devenu plus clair. J’ai enfin compris qu’il me fallait m’échapper de ma vie actuelle qui n’était plus qu’une corvée. Je savais désormais que je voulais épouser Sonia et qu’il allait me falloir pour cela apporter quelques modifications draconiennes à mon mode de vie.

J’ai commencé à faire des plans.
Je dois dire que ces plans n’ont pas été vraiment du goût de ma famille.
J’allais laisser tout ce que j’avais et ceux que je connaissais pour partir aux Philippines.
Certains ont dit que j’étais fou, mais ça je le savais déjà, d’autres ont simplement secoué la tête et ont souri.

Un jour je me suis assis et j’ai réellement songé à ce que je prévoyais de faire.
J’allais partir pour un endroit du monde situé aux antipodes, un endroit que la majorité considère comme un pays du tiers monde, qui ne présente aucune sécurité et j’allais y épouser une jeune femme de dix-huit ans ma cadette, une femme que je n’avais jamais vue en chair et en os.

La pensée que je faisais peut-être une grosse bêtise m’a bien effleuré, mais lorsque je retrouvais Sonia sur le net, toutes mes peurs et mes angoisses disparaissaient. J’avais lu des histoires horribles de jeunes Philippines qui ne se faisaient épouser que pour venir aux États-Unis et qui, une fois sur place, abandonnaient les pauvres imbéciles qui les avaient fait venir.
Mais je m’étais engagé dans un plan et rien ni personne ne pouvait désormais me faire changer d’avis.

Arrivée au NAIA

Après avoir acheté mon billet d’avion je me suis rendu compte que, le plus que je puisse emporter était mon ordinateur portable et une seule et unique valise. Il me fallait tout faire tenir, ce qui veut dire cinquante ans de vie, dans une seule et unique valise.

Comme la grande majorité, j’en avais accumulé des choses durant ces années… des choses dont je devais absolument me séparer pour vivre mon rêve d’une nouvelle vie. Le problème, je ne savais même pas par où commencer.

Trois semaines plus tard, je me suis retrouvé dans le salon de mon appartement désormais vide.

À mes pieds le sac de mon ordinateur portable et une grande valise noire. Désormais tout ce que je possédais de matériel se trouvait dans cette grande valise noire.
Étonnement, le sentiment de savoir que je ne possédais plus rien, hormis ce qui tenait dans cette valise, eut un effet libérateur. C’était comme si le poids énorme que j’avais eu jusqu’à ce jour sur mes épaules s’était envolé. Magique, je me sentais tout à coup libéré.
Tout ce qui m’avait appartenu avait été vendu, donné ou mis aux ordures.

Quelle quantité de choses inutiles, je m’en rendais compte maintenant, j’avais pu accumuler !
C’était ma deuxième étape et elle s’était passée plus simplement que je le pensais.
Mon billet d’avion, ma valise avec le minimum… j’étais prêt à expérimenter une nouvelle vie, une nouvelle vie aux Philippines où j’allais apprendre à vivre différemment.

La circulation à Manille

Quelques jours plus tard je disais au revoir à mes deux garçons et à mes parents avant de monter dans l’avion qui me conduirait à Manille via Tokyo. Je dois préciser que, mis à part mon court séjour aux Philippines et une sortie d’ivrogne au Mexique, je n’avais jamais quitté les States.

Donc, en matière d’immigration et de douane je n’y connaissais pas grand-chose, sauf ce que j’avais pu lire ici et là. Heureusement, quand je suis arrivé à Manille, il y avait là de nombreuses personnes qui souhaitaient m’aider pour un peu d’argent. Je devais vraiment avoir l’air totalement perdu et stupide, car nombreux sont ceux qui me proposaient leur aide.

J’ai finalement franchi tous les obstacles, le dernier étant la douane et je me suis retrouvé en dehors du bâtiment de l’aéroport, dans la chaleur humide et moite de l’air Philippin.
Il était convenu que je rencontre Sonia à l’extérieur, là où se trouvent les taxis, l’accès au parking des véhicules particuliers et, précision supplémentaire, en face du Duty Free shop. Malgré mon inexpérience, je n’avais guère de chances de me perdre. Le Duty Free, je traverse et là, j’ai l’impression que des centaines d’inconnus me dévisagent. Impression désagréable que je ressens au plus profond de mon être.  Mais peut-être était-ce la fatigue qui me faisait réagir ainsi, vingt-trois heures que j’étais parti et impossible de fermer l’œil du fait de l’excitation du voyage.

Finalement, j’ai repéré Sonia. Je n’oublierai jamais l’expression de son visage quand elle m’a vu pour la première fois dans toute la splendeur de mon mètre quatre-vingt-cinq et de mes cent soixante kilos. Pendant quelques instants j’ai eu comme l’impression qu’elle allait changer d’avis à mon sujet, mais rien ne se matérialisa dans son regard qui demeurait fixé sur moi. 

Tourista... vous connaissez ?

Quelques instants de gêne bien vite dissipés et bientôt nous étions en train de parler, de rigoler et nous avons même échangé un premier baiser.
Le lendemain matin nous avons quitté Manille pour son appartement situé dans la province de Cavite.

Vous dire que j’ai subi un choc culturel lors de ce premier déplacement serait un euphémisme.
Les embouteillages, le bruit, la chaleur, cette foule, ces vendeurs à la sauvette qui montaient dans le bus…

J’ai très vite compris que les nombreux moyens de transport locaux n’étaient pas adaptés à la corpulence d’une personne comme moi. J’étais le bon et doux Kano, coincé sur un siège de bus, une sorte de Teddy- Bear qui tentait de faire contre mauvaise fortune bon cœur en conservant un sourire figé sur son visage.

Le trafic était terrible et anarchique, le bus n’avançait pas. De nombreux vendeurs montaient et descendaient, proposant qui des bombons, qui des cacahuètes, de l’eau minérale et des sodas glacés, des journaux et d’autres choses que je ne connaissais pas.

Mais, une fois sorti de Manille, le bus a pris de la vitesse et là, avec la manière dont les gens conduisent ici, j’ai commencé à avoir peur. Mais Sonia m’a rassuré en prenant ma main en sueur dans la sienne et en la conservant ainsi durant tout le trajet.

Hôpital philippin

Quand nous sommes arrivés à son appartement, j’ai à nouveau eu un choc ; celui-ci était de la taille de mon ancienne chambre à coucher, il y faisait abominablement chaud et l’air y semblait collant.
Adaptation difficile pour l’Américain que j’étais, habitué à vivre en permanence en air conditionné.

Mais je ne me suis jamais plaint, je vivais mon rêve et je m’étais préparé mentalement à ces changements, sachant que tout serait différent.

Après quelques semaines passées ensemble à Cavite, nous avons décidé de nous rendre à Bacolod City afin que je rencontre sa famille et que je puisse officiellement demander la main de Sonia à ses parents.

C’est en arrivant à l’aéroport que j’ai su que quelque chose n’allait pas bien ; j’étais malade. Durant le vol, qui a duré un peu plus d’une heure, je me sentais de moins en moins bien. Heureusement diarrhée et vomissements n’ont pas commencés avant que nous soyons arrivés à la ferme des parents de Sonia.

La gentillesse du personnel hospitalier

Là, j’ai eu ma première véritable leçon sur ce qu’est la culture philippine. J’étais un gros, pour ne pas dire plus, un vieil étranger suant, certainement puant, de plus j’étais malade comme une bête et pourtant la famille de Sonia prenait soin de moi comme si je faisais partie de la famille. Durant toute une journée, tout ce que j’ai été capable de faire consistait à rester allongé, à transpirer à gosses gouttes et à faire de nombreux allers et retours entre mon lit et les toilettes. Ils n’ont même pas rigolé lorsque j’ai demandé où se trouvait le papier toilette.

Le lendemain, j’étais à l’hôpital !

Un hôpital privé dans lequel j’avais une chambre individuelle et dans laquelle est passée une armée d’infirmières et de médecins tous plus gentils les uns que les autres. À la différence des hôpitaux occidentaux, où l’on se sent plus client que patient, aux Philippines le personnel hospitalier est aux petits soins pour le malade. Chacun prend le temps de discuter avec vous et ils veulent tout savoir. D’où vous venez, ce que vous faites aux Philippines, si vous avez des enfants et lorsque j’ai dit que j’étais là pour épouser Sonia… comme une traînée de poudre la nouvelle a fait le tour de l’hôpital et tout le personnel a défilé dans la chambre afin de nous féliciter.

Retour à la case départ...pour quelques petits mois

Une autre grande différence, pour le Kano que je suis, est qu’il y a un lit d’appoint dans les chambres. Un ou plusieurs membres de la famille peuvent ainsi rester vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec le patient. Sonia ne s’en est pas privée, elle est restée avec moi les quatre jours qu’a durée mon hospitalisation. Mais, durant le jour elle n’était pas seule, deux ou trois membres de sa famille se trouvaient là en permanence et, avec les infirmières jamais pressées de partir, je ne manquais pas de compagnie.

Après trois jours sous perfusion et médicaments, j’ai eu droit à ma première crème glacée à la mangue, un délice et il m’a été possible de m’alimenter normalement. Sonia sortait deux fois par jour afin de m’acheter hamburger, pizzas et quelques plats philippins, dont le minudo que j’ai grandement apprécié.

Au moment de partir j’ai eu un grand choc, il me fallait payer la totalité des frais d’hospitalisation avant d’être autorisé à sortir. Mais, quand j’ai pris connaissance du montant qui m’était demandé, l’équivalent de quelques centaines de dollars, j’ai payé avec un grand sourire. L’excellent niveau de soins que j’ai reçu vaut bien plus que ce que j’ai payé.

Nous sommes restés quelques jours dans la famille, le temps pour moi de reprendre quelques forces et de goûter aux plats philippins, dont des soupes délicieuses.

Puis nous sommes retournés à Cavite.
Quelques semaines plus tard nous étions mariés.
La cérémonie de mariage s’est faite en Tagalog, ce qui fait que Sonia traduisait au fur et à mesure, le Kano que j’étais alors ne parlant pas un mot de cette langue difficile.


Fillette de parents mixtes

Nous avons séjourné quelques mois à Cavite. J’avais trouvé un emploi de professeur d’anglais dans un collège pour Coréens, où j’étais payé sept dollars de l’heure et pour la  première fois de ma vie je me sentais pleinement heureux. Une vie simple, avec une femme que j’aimais profondément et qui me le rendait bien et surtout une vie calme, sans pression, sans stress.
Sonia est alors tombée enceinte et nous avons décidé que nous devrions nous rapprocher de la famille.
Quelques semaines après avoir pris cette décision, nous nous installions dans la ferme près de Bacolod City.

Durant ces premiers mois d’expérience aux Philippines, j’ai appris quelques précieuses leçons de vie.

La première est que l’on peut vivre heureux avec très peu de choses, à partir du moment où vous avez de quoi mettre quelque chose à manger sur la table. Ici beaucoup, que dis-je, énormément de riz.

La seconde est d’avoir sa famille avec soit et j’ai également découvert l’importance qu’il peut y avoir à prendre soin les uns des autres.

Comme j’ai dû retourner en urgence aux États-Unis, pour un problème de santé antérieur à mon arrivée sur l’archipel que j’avais négligé, j’ai raté la naissance et les premières semaines de la vie de ma fille.
Si la séparation fût difficile, elle fût néanmoins un peu atténuée du fait que je savais que ma femme avait une famille qui allait s’occuper d’elle et du bébé.


Petit appartement de banlieue

Quand je suis revenu aux Philippines nous avons loué un petit appartement et acheté une voiture.

La vie était parfois dure, Sonia et moi avons eu nos problèmes, comme la plupart des couples durant les premières années d'un mariage. Ces dernières années nous avons vécu dans différentes maisons, à la recherche de l’endroit idéal. Je dois avouer que nous avons traversé des moments difficiles, mais chaque jour notre amour grandissait et nous étions de plus en plus heureux. J’ai ainsi découvert qu’il n’était nullement besoin d’avoir plein de choses dans une maison pour vivre heureux. Tout ce dont on a besoin c’est d’un toit sur la tête, un peu de nourriture sur la table et beaucoup d’amour.

Nous vivons une vie simple, tranquille et nous sommes pleinement heureux.

En quelques années je suis devenu un autre homme, un être beaucoup mieux dans sa peau, une personne différente et bonifiée. Je suis en meilleure santé, j’ai perdu soixante kilos, nous venons d’acheter une nouvelle voiture et après quelques tâtonnements sur l’internet, me voici de retour dans mon business.

Ma relation avec Sonia est tout simplement incroyable, après ces années j’ai toujours l’impression d’être en période de lune de miel.

Ma fille de trois ans se porte comme un charme, mes deux grands garçons et mes parents sont en bonne santé et la famille aux Philippines fait de bonnes affaires avec la ferme.
Je suis arrivé ici avec une seule valise, mais de nombreux bagages, des problèmes à la fois émotionnels et physiques. J’ai brisé la coquille dans laquelle je m’étais enfermé et maintenant, aux Philippines que j’appelle mon chez moi, je suis heureux et je m’épanouis.


Ceci n’a pas de prix !



À toutes et à tous je souhaite une excellente journée.


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