Friday, December 27, 2013

PEUR ... DE VIVRE AUX PHILIPPINES ?

Peur de venir vivre aux Philippines ?

Après avoir vu les images terrifiantes des dévastations apportées par le super typhon Yolanda, Haiyan pour son nom international, nul ne saurait vous blâmer d’éprouver une certaine peur à venir vous installer sur l’archipel.



Regarder la tristesse et la désolation des habitants de Tacloban, ainsi que d’autres endroits des Visayas, est largement suffisant pour effrayer tout un chacun de venir un jour s’installer aux Philippines.

Qu’auriez-vous fait, qu’auriez-vous bien pu faire si votre famille s’était trouvée sur le passage du monstre lorsqu’il a frappé ? C’est arrivé à plusieurs expats et même à des touristes étrangers.

Et bien il y a un certain nombre de choses que vous auriez pu faire, j’en ai déjà parlé dans un autre billet, mais apparemment pas suffisamment. Je vais y revenir dans ce post.

Maintenant si vous êtes un touriste venu passer quelques semaines sur l’archipel et que vous vous trouvez sur le passage supposé du typhon, changez d’endroit, éloignez vous, vous et votre famille, ne prenez pas de risques inutiles en voulant faire l’expérience d’un super typhon.

Ce n’est pas une plaisanterie, pas quelque chose à prendre à la légère.  

Bon, maintenant je peux vous donner l’exemple de deux expats, qui se trouvaient sur place et qui ont essuyé le passage direct de Yolanda. Raymond qui a construit sa maison à Mat-e, un Barangay qui se situe non loin de la ville de Merida sur la province de Leyte et Pascal qui a fait construire près de la capitale provinciale de Roxas City, au nord de Panay.


Je précise que les deux maisons ont parfaitement résistées à la fureur des éléments, seuls quelques petits dommages sont à déplorer.

Apparemment, ni l’un, ni l’autre n’avait lu ou relu mon petit post dans lequel j’indique comment se préparer lors de l’arrivée programmée d’un typhon. J’écris programmé dans la mesure ou nous sommes avertis bien à l’avance de ce qu’il risque de se passer, en moyenne quatre à cinq jours à l’avance.

Les prévisions météorologiques sont de plus en plus fiables et généralement, au moins 48 heures à l’avance, nous connaissons les principales caractéristiques du typhon. Sa taille, la puissance de ses vents, le parcours qu’il va suivre, sa vitesse et direction de déplacement, les précipitations qu’il pourrait apporter, etc. Je le répète les prévisions sont de plus en plus fiables et précises.

Donc, nous pouvons dire que vous avez entre 24 et 48 heures afin de vous préparer, ce qui doit être largement suffisant si vous vous préparez comme je le recommande.

En dix-sept ans, une seule fois nous avons été pris pratiquement à l’improviste, lors du passage d’Ondoy (Ketsana pour son nom international). Le matin du 25 septembre 2009, ce qui n’était encore qu’une simple Dépression Tropicale, se transforme en typhon sur le centre de Luzon. Ce ne sont pas les vents, mais les pluies diluviennes qui l’accompagnent qui vont causer la mort de 747 personnes, principalement sur Manille et ses environs.

Du fait d’aucune préparation et pour cause personne n’avait été prévenu, j’y laisse mes trois barques, emportées par la rivière devenue torrent impétueux.



Le 28 septembre 2006, c’était Milenyo (Xangsane pour son nom international) qui nous rendait visite.

Mais le typhon, qui n’était alors encore qu’une simple Dépression Tropicale alors qu’il se trouvait à 460 Nautical Miles de Manila le 24 septembre, commençait à être suivi par les différentes agences météorologiques.

Les agences font passer ce phénomène de Tropical Depression à Typhon dans la journée du 26 septembre, donc 48 heures avant qu’il n’arrive sur Manille avec des vents de 230 km/h.

Milenyo, dont le centre passera pratiquement sur Manille, causera la perte de 197 vies, presque exclusivement du fait des inondations et des glissements de terrain, conséquences des pluies diluviennes qui l’accompagnait.

Plus proche de nous dans le temps, le typhon Usagi, Odette pour son nom local, passait au nord de l’archipel les 19 et 20 septembre 2013. Un super typhon de catégorie 5, avec des vents soutenus de plus de 200 km/h et des pointes à près de 300 km/h.

L’évolution d’Usagi était suivie depuis le matin du 16 septembre et nous étions parfaitement informés de ses caractéristiques au fur et à mesure de son avancée en direction de l’archipel. 

48 à 72 heures pour se préparer. Résultat, le nombre de victimes aux Philippines se sont comptées sur les doigts d’une main, principalement des passagers de bateaux. Vagues de plus de sept mètres à certains endroits.

Dès le 17, certaines provinces avaient été mises sous alerte.


Oui, mais les populations du nord de l’archipel savent se préparer et se protéger !
Voir à ce sujet mon post ‘’Odette, la bête’’
http://maretraiteauxphilippines.blogspot.com/2013/09/odette-la-bete.html


Vingt ans que les gens de Batanes n’avaient  pas reçu un typhon d’une telle violence !

Après le passage de Milenyo et bien que nous situant à moins de 60 kilomètres de la capitale, nous avons été privés d’électricité durant trois longues semaines. Vous pouvez me croire, trois semaines sans électricité, c’est long, très long. Heureusement nous avions un petit générateur électrique de 2,5 Kva et notre préparation était presque parfaite.

Maintenant, si vous me posez la question de savoir si je souhaite toujours continuer à vivre aux Philippines, sans aucune hésitation je vous réponds ‘ « OUI ».

Au cours de ces dix-sept dernières années, j’ai essuyé une bonne vingtaine de sérieux typhons.

Je le reconnais bien volontiers, aucun n’avait la puissance de Yolanda, mais néanmoins cela a sérieusement soufflé à de nombreuses reprises. De plus nous sommes sur la façade ouest de Luzon, à l’entrée de la baie de Manille. Généralement, les typhons qui arrivent par l’est / sud-est, ont perdu un peu de leur puissance lorsqu’ils arrivent sur Manille.

Au niveau de la ville de Tacloban, c’est la montée brutale des eaux qui a provoqué la catastrophe. Vivre en bord de mer, c’est parfait par beau temps, voire par petite tempête tropicale. Maintenant lorsque surviennent des vagues de dix mètres, cela peut s’avérer difficile.

Donc bien étudier l’endroit où vous souhaitez faire construire. Glissements de terrain, inondations, proximité de la mer, des rivières, les vents dominants, la situation sur l’archipel, etc. tout ceci doit être pris en compte, avant que de louer ou de faire construire votre ‘’home sweet home’’.


Changer d’endroit pour une place qui soit plus sûre ?

Il n’y a aucun endroit au monde qui soit une place sûre à cent pour cent.
Vous pouvez, dans une certaine mesure, limiter les risques, maintenant le risque zéro n’existe nulle part.

Regardons un peu si certaines régions des Philippines peuvent être considérées comme sûres, ou tout du moins plus sûres que d’autres.

Luzon, la plus grande île de l’archipel et qui se situe au nord de ce dernier.

C’est la région qui reçoit le plus de typhons par an et il n’est pas rare, d’une année sur l’autre, que plusieurs typhons dévastateurs traversent la grande île. Tous ne sont pas aussi puissants que Yolanda, mais néanmoins, chaque année, ce sont deux ou trois de ces phénomènes qui dévastent le nord du pays. Donc Luzon ne peut pas être considérée comme une zone sûre. 

Les Visayas, le centre du pays, caractérisés par de nombreuses îles plus petites, Samar, Leyte, Panay, Negros, Cebu, Bohol, etc.

Même s’il s’agit d’une région qui est moins sujette aux passages des typhons, l’histoire récente nous prouve que ces îles sont loin d’être épargnées. Le dernier en date de cette violence, en 1991 si j’ai bonne mémoire. Une catastrophe similaire à celle de Tacloban, mais plus centrée sur la région d’Ormoc (Leyte). 

Donc Yolanda nous rappelle que cette région du centre de l’archipel n’est pas à l’abri d’une catastrophe de grande ampleur. Donc les Visayas ne peuvent pas être considérées comme une région sûre.


Mindanao, la deuxième plus grande île, tout au sud du pays.

Mindanao a connu peu de passages de typhons durant ces cinquante dernières années,
Néanmoins, deux catastrophes majeures se sont produites récemment, l’une en 2011, la seconde en 2012.

En 2011, c’est le passage de Sendong, Washi à l’international, plus une super tempête tropicale qu’un typhon, qui dévaste la ville de Cagayan de Oro le 16 décembre 2011.
Principalement dû au débordement des rivières, qui vont tout emporter sur leur passage, plus de 1.300 victimes vont être dénombrées.

Le 3 décembre 2012, c’est au tour de Bopha, Pablo pour son nom local, de dévaster le sud de Mindanao.

Avec des vents de plus de 280 km/h, c’est le plus puissant typhon à avoir frappé la grande île du sud depuis que les statistiques existent. De plus, phénomène rare, il est très bas en latitude, juste à quelques degrés au-dessus de l’Équateur. Bilan, plus de 3.000 morts et disparus.

Bopha, le plus puissant typhon à avoir touché les Philippines en 2012 et il est passé tout au sud, une région qui n’avait rien connu de tel depuis 70 ans..

Donc, nous pouvons en conclure que, même si les typhons sont moins fréquents au fur et à mesure que l’on descend vers le sud de l’archipel, aucun endroit ne peut être considéré comme sûre et hors d’atteinte de ce phénomène.


De plus, les Philippines sont situées sur la ceinture de feu du Pacifique, ce qui veut dire éruptions volcaniques et tremblements de terre.

Pour ce qui concerne le risque volcanique, je préconiserais de tracer un cercle d’une quinzaine de kilomètres de rayon autour des volcans actifs ; nous en aurions entre 14 et 17 selon les auteurs et d’éviter de se poser dans ces zones. Bien que le Mont Pinatubo ait été considéré comme totalement dormant avant son éruption apocalyptique de 1991. Pour les tremblements de terre il existe des cartes, mais sans aucune garantie.

Nous ne sommes pas non plus à l’abri d’un Tsunami, se situer à une petite quinzaine de mètres au-dessus du niveau de la mer pourrait s’avérer être une sage précaution, au cas ou.

Se préparer lors de l’arrivée d’un typhon.

Si vous avez un générateur électrique, c’est très bien, mais cela demande en permanence de l’entretien, par exemple le faire tourner au moins une fois par mois. Avoir de l’essence ou du diésel de réserve et faire régulièrement la vidange. De plus, même plus ou moins insonorisés, ils sont plutôt bruyants.

Pensez à préparer des panneaux de contreplaqué de 5mm afin de protéger vos fenêtres de l’extérieur.

L’investissement n’est pas excessif et si vous prenez la peine de les vernir ou de les peindre, vos panneaux vont vous resservir d’une année sur l’autre. Pour les portes, deux ou trois U en ferraille sur le  chambranle de chacune de vos portes extérieures, U qui vont recevoir des pièces de bois, de façon à bloquer vos portes de l’intérieur.



En cas de très violent typhon annoncé, protégez vos fenêtres de l’intérieur avec des matelas que vous bloquez avec des planches. Une fenêtre qui explose cela peut-être extrêmement dangereux.

Il m’est arrivé plusieurs fois de faire ces préparatifs pour rien, mais je préfère prévenir que guérir.

Pensez à élaguer vos arbres, à nettoyer vos gouttières et descentes d’eaux pluviales.
Vérifiez que le vent ne peut pas s’engouffrer sous la toiture par les débordements de la toiture.
Il faut que l’Hardiflex ou le contreplaqué soient vissés sur les ferrailles de la charpente, pas seulement posés dessus. En cas de fort vent, une plaque qui se soulève, le vent qui s’engouffre et hop, c’est à toute la toiture que vous pouvez dire adieux.

Cela parait peut-être idiot, mais je le répète, durant un typhon on ne sort pas, il peut y avoir des objets volants non identifiés et dangereux.

Bon maintenant que vous voilà paré pour la maison, il va falloir penser à vous.

Batteries de secours pour les téléphones portables, lampes torche et batteries de rechange, un poste de radio fonctionnant sur piles, une lampe à pétrole du type ‘’Petromax’’, quelques bougies, des boîtes d’allumettes et des briquets, etc.

Prévoir de la nourriture pour toute la famille et pour environ une semaine.


Des choses non périssables bien évidemment ; riz, lait en poudre, café, sucre, sel et des conserves, beaucoup de conserves. Tous les six mois, vous renouvelez vos provisions que vous avez pris la précaution de mettre dans une grande boîte plastique.

Prévoir également quelques médicaments comme Paracetamol, Immodium, un antibiotique large spectre, des vitamines, des barres de céréales, de chocolat vitaminées, etc.

Un nécessaire de premier secours afin de désinfecter et de soigner les petits bobos.

Tout ceci à conserver dans des boîtes plastiques du genre Tupperware.

Le typhon est annoncé, prenez la précaution d’acheter quelques bidons d’eau de boisson, de quoi tenir huit jours avec une consommation journalière de trois litres par personne et par jour.
Prévoyez éventuellement un système de filtrage de l’eau de pluie.

Attendez-vous, plus particulièrement si vous vivez dans un milieu rural, à recevoir du monde, pas mal de monde à la maison. Principalement des femmes et des enfants, souvent avec quelques bagages.

Donc prévoyez large en réserves d’eau et de nourritures.


Maintenant vous voilà paré pour affronter le prochain typhon !

Rassurez-vous il ne devrait maintenant pas y en avoir avant la fin mai, voire début juin et encore ont-ils tendance, en début de saison tout du moins, à filer en direction du Japon.

Donc, c’est aussi simple que cela : ‘’aucun endroit sur terre n’est totalement sûr’’.


J’ai presque honte à le dire, mais nous n’avons absolument pas été affectés par le passage de ce dernier typhon. Un peu de vent, un peu de pluie durant quelques heures et ce fût tout. 

Difficile d’imaginer une telle catastrophe à quelques petites centaines de kilomètres de là.
Comme je l’ai déjà expliqué, c’est une toute petite partie de l’archipel qui a été affectée par Yolanda, peut être 5 % en tout, pas plus. Mais ce sont des régions extrêmement pauvres et peu développées, des endroits où ceux qui possèdent des maisons en dur sont largement minoritaires.

Quatre plots de cocotier et du bambou, parfois du contreplaqué et des cartons, le tout recouvert de feuilles de palme en guise de toit, ne résistent bien évidemment pas aux typhons.


Après le passage de Yolanda, avez-vous toujours l’intention de venir vivre aux Philippines ?
Pour ceux qui demeurent ici depuis plus ou moins longtemps, êtes-vous effrayés de rester sur l’archipel, envisagez-vous de partir ?


Pascal, qui s’est engagé à titre bénévole à construire quelques maisons en dur pour les habitants les plus touchés et les plus méritants de son Baranga, a créé avec quelques amis, une association qui porte le nom de ‘’Les Artisans du Cœur’’. Cette association, sous sa supervision, se charge de construire quelques maisons faites de parpaings. Du solide, du fait pour durer et résister aux intempéries et aux typhons locaux. Plus vous serez nombreux à donner pour cette association et plus grands sera le nombre de maisons construites.

Pour plus de renseignements, vous pouvez directement contacter Pascal par mail : pascal.chatel@yahoo.com

Pour vos donations :
Voilà donc toutes les informations pour le compte bancaire Philippin.

Account Name: Pascal, Bernard, Raymond CHATEL
Account Number: 1413141363990
Account Type: Savings Account
Bank Name : Metrobank
Branch: Roxas City Philippines
Bank Address: Roxas Ave. Roxas City Capiz Philippines
Swift Code: MBTCPHMM
Iban No.: 03407080868



Expériences, avis, critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.


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