Ce n’est pas nouveau, c’est une histoire qui refait surface depuis plusieurs années, mais nous sommes, semble-t-il, arrivés à une ère quasi industrielle.
Que ce passe-t-il ? Des pilleurs de tombes ont dérobé les ossements d’hommes des tribus en les faisant passer pour des os de soldats japonais tués (ou disparus) aux Philippines durant la seconde guerre mondiale !
Il faut savoir que sur plus ou moins 500.000 soldats japonais tués aux Philippines durant la seconde guerre mondiale, environ 380.000 cadavres et donc ossements maintenant, n’ont jamais été retrouvés.
Quand on connait la vénération des Japs pour les ancêtres … comment honorer les ancêtres si l’on n’a pas les os ? (ou tout du moins les cendres des os).
Les squelettes de centaines de Mangyans et d’Ifugaos (des tribus de Mindoro et de la Cordillera Centrale) ont été expédiés au Japon par bateau depuis 2008.
Après avoir été ‘’déterrés’’ (le terme est impropre dans la mesure où ces deux peuples conservent leurs morts dans des cavernes) par des locaux (dont certains membres des tribus ?), les ossements étaient remis à un groupe japonais appelé Kuentay contre paiement de 500 pesos par squelette.
Aniw Lubag, un chef Mangyan raconte que sa tribu a arrêté et détenu brièvement trois personnes en 2008, personnes qui volaient des ossements dans une cave de la partie sud de l’île de Mindoro.
Ces gens arrêtés disaient avoir été embauchés par des non-Mangyans.
Caesar Dulnuan, un chef du groupe tribal des Ifugao, raconte que des squelettes ont disparu de la partie montagneuse de la communauté, après le passage du groupe japonais à la recherche des dépouilles de soldats tombés dans les environs durant la seconde guerre mondiale.
« Nous ne savons pas qui a reçu les ossements. Il y avait beaucoup de monde et ils payaient 500 pesos par squelette »
Les pilleurs disent avoir été payé par d’autres (philippins) pour apporter les ossements à Kuentay, qui d’après son Site Internet est une ONG japonaise dont le but est de rapatrier les dépouilles, ou ce qu’il en reste, des soldats japonais tués durant l’occupation des Philippines par l’armée impériale (1942-1945).
A Tokyo, un Officiel de Kuentay dénie toute allégation concernant l’implication de son groupe ou du staff local dans le vol des ossements et le paiement pour les dépouilles
« Nous avons entendu dire que quelques personnes avaient été arrêtées pour avoir essayé de nous apporter des ossements volés » dit le Secrétaire général de Kuentay Usan Kurata.
« Pour ce que nous en savons, nous n’avons jamais reçu un seul os volé. Nous en avons référé au ministère concerné et nous attendons du Gouvernement une annonce prochaine au sujet de nos demandes concernant cette affaire ».
L’agence nouvelle de presse japonaise Kyodo raconte que : Kuentay a été officiellement chargée par le Gouvernement japonais, en 2008, de rechercher et de rapatrier les dépouilles des soldats japonais tombés durant la seconde guerre mondiale et restés sur le sol philippin.
On dit qu’environ 500.000 soldats japonais sont morts sur le sol philippin et que les corps de 380.000 d’entre eux n’ont jamais été retrouvés.
Koji Nakamura, le porte parole d’un groupe de vétérans de la guerre et leurs familles, à demander au gouvernement philippin d’enquêter de toute urgence.
« Si cela s’avérait être vrai, cela serait une profanation infâme et sans scrupules » a ajouté Nakamura lors d’une conférence de presse.
Il raconte que Kuentay n’a jamais effectué de contrôle afin de savoir s’il s’agissait bien de soldats japonais, ce qui a encouragé les pauvres résidents locaux à creuser et à vendre les os de morts philippins (les ossements de leurs ancêtres ?).
Tout ce dont à besoin Kuentay c’est d’une déposition de personnes philippines disant : « nous avons trouvé les os de ces soldats japonais ici et là » et que cette déposition soit signée par un officiel du village de l’endroit où les ossements ont été récupérés.
En aucun cas le Gouvernement japonais n’avait de raison de douter d’eux, ajoute-t-il.
Par la suite les os étaient incinérés et les cendres envoyées dans les différents cimetières nationaux du Japon pour y être enterrés. De ce fait, il est tout à fait impossible de les rapatrier.
Nakamura dit qu’une équipe du Musée Nationale des Philippines a pris part au programme de recherche et de récupération, mais que l’équipe lui a confirmé n’avoir aucun moyen propre de contrôler que les os provenaient effectivement de soldats japonais.
Des officiels du Musée National, section des biens culturels, ont dit aux journalistes que les membres de l’équipe qui ont pris part au projet de Kuentay n’étaient pas disponibles pour commenter (sic).
Au départ de cette affaire, deux vétérans japonais de la seconde guerre mondiale (WW II), Koshio Kamamura et Shiego Eto. Tout deux sont membres d’une délégation qui affirme que des pilleurs de tombes ont récupéré des ossements de défunts de tribus philippines et les ont fait passer pour les reliques de soldats japonais.
Cette histoire est parue dans les journaux locaux datés du 24 février 2011 et concerne des tombes situées dans la région de la Cordillère Centrale, le pays des coupeurs de têtes (un des pays), au nord de l’île de Luzon.
Mais j’avais entendu parler d’une histoire similaire survenue il y a quelques temps et impliquant non pas des tribus Ibaloi, Ifugao de la Cordillera, mais des tribus Mangyans de l’île de Mindoro.
Comme les tribus Ibaloi du nord de Luzon, le peuple Mangyan de Mindoro est très en colère après avoir constaté la disparition de nombreux squelettes (‘’but-ol’’) de leurs ancêtres, ceci dans plus d’une centaine de cavernes mortuaires de la partie sud de l’île.
Il reste maintenant moins de 30 % des dépouilles, déclare Aniw Lubag, le Président du Pinagkausahan sa Daga Ginurang. (Phadag).
Les Hanunuo Mangyan (une des huit tribus Mangyan), qui sont environ 26.000 dans les villes de Mansalay et de Bulalacao, comme leurs proches parents de la ville de Roxas, sont totalement abattus par la perte des ossements de leurs ancêtres.
Ils suspectent que des ‘’lowlanders’’ (habitants des basses terres), des non-Mangyans, sont derrière ces vols, avec la complicité de quelques natifs.
Les officiers de Phadag disent avoir reçu des informations (rapports) en octobre dernier au sujet ‘’d’os japonais’’ trouvés dans le Barangay (quartier) de San Antonio, dans la ville de Mansalay. Mais les locaux croient que ce sont les ossements de Mangyans qui ont été prélevés dans une cave de Palaypay dans cette même ville.
Quand des représentants de la Mission Mangyan, le Mangyan Heritage Center et le KPLN (une fédération de tribus Mangyans), se sont déplacés (trekking) pour visiter une caverne funéraire à Dangkalan, près de la ville de Bulalacao et à proximité de la mer, ils n’ont trouvé que quelques petits os.
C’est en apportant une personne décédée pour les funérailles finales dans la caverne que la disparition des squelettes a été découverte. Dinayo qui a 80 ans, Bagdad (de Tambangan) et Unaw Ganay, trois membres d’une tribu ont montré aux représentants les preuves de la violation et du vol des dépouilles dans une caverne de Danaw.
Les trois étaient effondrés, Dinayo pleurait et l’on pouvait voir à l’extérieur de la caverne les habits des morts et les nouveaux cache-sexe (G-String) éparpillés sur les rochers.
Lubag lui-même constata la disparition des dépouilles des membres de sa famille.
Traditionnellement le Mangyan qui vient de mourir est revêtu de ses plus beaux atours pour l’enterrement. Dans les neuf à douze jours suivant le décès, de la nourriture est offerte (un repas) dans un rituel communautaire. C’est le mort (avec ses biens) ou ses proches qui paient pour le festin nommé le ‘’Panhugutan pintal’’.
Après neuf à douze mois, le corps est déterré suivant un autre rituel appelé le ‘’Pangutkutan’’. De la nourriture est à nouveau offerte, après quoi la dépouille est transportée jusqu’à la caverne funéraire pour y être entreposée.
Etrange et triste histoire qui appelle plusieurs remarques.
Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de ce genre d’affaire aux Philippines. La première fois, peut-être il y a une dizaine d’années, ou plus.
L’épisode des Mangyans de Mindoro date des années 2008/2009.
Comment peut-elle se répéter en 2010/2011 ?
Comment se fait-il que Kuentay, qui est une organisation officiellement chargée par le Gouvernement japonais (et payée par), de la recherche et du rapatriement des ossements de soldats morts sur une terre étrangère, n’aie pas pris plus de précautions connaissant les affaires passées ?
En supposant que les Japonais de Kuentay ne soient pas impliqués dans l’affaire, je les trouve bien léger. Pourquoi chercher des dépouilles sur Mindoro ou dans la Cordillera ? Les combats qui ont eu lieu dans ces endroits ont été mineurs. Je crois savoir qu’il y avait quelques 6.000 soldats japonais sur Mindoro lors de la reconquête fin décembre 1944 !
Si effectivement il ne reste que 30 % des ossements dans les cavernes funéraires du sud de Mindoro (certaines sont totalement vidées), cela implique qu’il y a des squelettes de femmes en quantité importante, parmi ceux apportés à Kuentay. Il n’est pas si difficile de distinguer un bassin d’homme de celui d’une femme.
Personne ne s’est inquiété de ne trouver aucune trace de vêtements militaires, de chaussures, de médailles, de bagues … qui auraient pu apporter un début de preuve qu’il s’agissait bien de soldats japonais.
Les ossements apportés devaient certainement être propres, non comme ceux de soldats morts dans la jungle et qui devraient être couverts de terre, de boue et d’humus.
De plus certains de ces os devraient porter des traces des combats. Eclats d’obus, de balles, fractures inhabituelles …
Imaginez un instant que vous soyez chargé de cette mission, comment allez-vous procéder ? Je le répète je ne suis pas un spécialiste et j’ajouterai que je n’y connais pas grand-chose, mais quand même !
Je suis certain que vous agiriez comme moi : savoir où ont eu lieu les combats les plus meurtriers … il y a des archives pour cela. Les archives américaines ont été dé-classifiées et avec l’Internet, easy.
Nous savons que les Américains avançaient, donc que les Japs reculaient. Qui va récupérer les morts, les cadavres ? Les Américains … donc consultons les archives, interrogeons les éventuels survivants et … nous allons savoir plus ou moins précisément où ont été mis les corps.
On ne laisse pas les cadavres pourrir au soleil ; on les rassemble, certainement avec l’aide de locaux (que l’on peut éventuellement interroger sur la présence de dépouilles enterrées), on creuse un grand trou au bulldozer, on pousse toujours au bulldozer les cadavres dans le trou et l’on recouvre le tout de quelques mètres de terre ou de sable.
Ne vous faites pas d’illusions, les Américains n’ont pas rapporté les dépouilles japonaises pour les enterrer à Arlington.
Vous n’auriez pas l’idée d’aller dans la jungle où dans des endroits qui sont restés sans combats ! Dans la jungle il reste assurément quelques dépouilles. Mais imaginez comment retrouver un seul cadavre, sans indice tangible, après 65 ans. Oui il y a des cadavres à découvrir dans la jungle, car les Philippins à cette époque haïssaient les Japonais et ils n’ont certainement pas ramassé les corps pour les installer dans un mausolée. Ici, une route qui n’est pas entretenue pendant deux ou trois ans disparait totalement ; imaginez un corps après 65 ans !
Donc l’on peut logiquement supposer que Kuentay, tout du moins partie de l’équipe, est de connivence. Les Philippins ‘’ Easy Money’’ ils adorent. Pourquoi aller se fatiguer à creuser pour des os japonais alors que les os des tribus nous tendent les bras ? (si je puis m’exprimer ainsi). L’on a parlé de P 500 (€ 9) par squelette, mais j’ai entendu parler de P 1.000 et plus et Kuentay touchait certainement le paquet.
Les conséquences : de nombreuses familles japonaises sont outrées et très remontées contre les responsables de ce qui pour eux est une catastrophe. Imaginez qu’ils vont peut-être se recueillir sur une tombe qui contient les cendres de celui ou de ceux qui ont tué leur proche !
La croyance Mangyan veut que l’on ne dérange pas les morts des cavernes, car de mauvais esprits se cachent derrière certains d’entre eux. Ils disent que certains sorciers que l’on nomme ‘’daniw’’ ont la faculté de parler avec les esprits et que leur colère se montre quand les fermes sont détruites.
Depuis deux saisons, de nouvelles maladies sont apparues qui détruisent les récoltes de riz et de maïs, même l’herbe Cogon disparait. Les animaux meurent … en une semaine, deux vaches, deux carabaos et des chèvres sont morts sans raison évidente dit Lubag.
Il prévient également les gens, en disant que manger de la nourriture achetée avec l’argent des squelettes, c’est comme manger les morts eux-mêmes.
Expériences, avis critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.
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