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Saturday, August 31, 2013

LA CULTURE PHILIPPINE ! (A)

Au fur et à mesure que le nombre d’années passées aux Philippines augmente à mon compteur, je m’habitue de plus en plus à la vie dans ce pays.

Après seize ans, je peux vous assurer que je me sens désormais beaucoup plus à l’aise avec la culture locale.

Cela prend du temps, cela ne fait aucun doute, vous pouvez me croire.


Pour cela, je vous l’ai déjà dit, je me suis fait une règle, je vis avec et ma famille fait de même.
En dehors de la maison, que ce soit dans la rue, dans un magasin ou dans un transport en commun, la culture philippine est la règle. 

Si je rencontre quelqu’un dans la rue et que cette personne me demande d’où je viens ou où je me rends, je souris et répond sans aucunement m’offusquer, sans penser intérieurement : « Mais il est curieux ce Klong ! Est-ce que je lui en pose des questions moi ? » Pour ne pas employer d’autres termes.

Il en va de même si la question qui m’est posée est du genre « Combien ça coûte ? », au sujet de mon dernier achat ; achat qui peut être n’importe quoi, du poisson que je viens d’acheter au marché au ballon de football que je ramène de la ville voisine.

Ce n’est pas de la curiosité mal placée ou de l’impolitesse de la part des Philippins.
En fait dans notre culture, cela reviendrait à demander à la personne que vous rencontrez : « Bonjour, comment allez-vous, la famille est en bonne santé, comment se porte le petit chien qui était malade ? », etc.

Mais dans la culture philippine cela va donner « Où allez-vous, combien ça coûte ?»
Etonnant et surprenant pour un esprit occidental, mais c’est comme cela et nous devons faire avec.
‘’Saan ka galing ?’’ ou ‘’Magkano ito ?’’



Je m’efforce, en fait cela devient de plus en plus facile, de me trouver en phase avec la culture locale.

Cela me facilite grandement la vie, je reste calme, Kool, je ne suis pas stressé et ma pression sanguine demeure dans des limites acceptables.

Suis-je toujours exactement et parfaitement en train de rouler sur les rails de la culture philippine ?
Certainement pas, parfois je rate un aiguillage, je m’égare, je me perds, je déraille.
Que voulez-vous, on ne se refait pas, chassez le naturel il revient au galop.

Je fais de mon mieux et au fil du temps les choses s’améliorent, je deviens meilleur, sans pour cela être parfait, tout juste bon, que dis-je, tout juste passable.

Par contre, il ne va pas en être de même à la maison où les règles françaises vont continuer à s’appliquer.

Si l’on parle peu le français du fait du contexte local, les repas vont par contre êtres pris à heures fixes ; le couteau accompagne la fourchette et la cuillère sur la table ; le pain est de rigueur ; un repas se compose d’une entrée, d’un plat principal et au minimum d’un dessert, fruit, glace ou gâteau. ‘’La mérienda’’ de l’après-midi est autorisée, elle correspond en fait à notre quatre heures.



De nombreux plats d’inspiration occidentale sont préparés ; comme steaks frites, porc aux lentilles, osso buco, bœuf bourguignon, poulet à la broche, hachis Parmentier, nombreuses salades, etc.

Le petit-déjeuner s’accompagne de l’inévitable riz, mais la boîte de mélange de céréales est également disponible. Chocolat, thé ou café, selon les goûts, lait, œufs, jus de fruits, fruits frais, yaourts …

Au niveau télévision, le Tagalog est réduit à sa plus simple expression.
Films et dessins animés doivent être en anglais ou parfois français.

Si la maison contient quelques Grigris et autres bondieuseries, j’ai refusé le gros bébé joufflu nommé Santo Niño ainsi que son collègue sur sa croix de plastique.

Donc des règles plus ou moins françaises à l’intérieur de la maison et des règles plus locales à l’extérieur. Vivre d’une façon avec laquelle vous vous sentez à l’aise est la clé d’une expatriation réussie.


Récemment j’ai été appelé pour régler un petit différent qui existait entre un de mes amis anglais et ses ouvriers philippins.


Sujet de sa très Gracieuse Majesté, arrivé depuis peu sur l’archipel, peu familier avec les us et coutumes, il rencontrait des difficultés avec ses travailleurs. C’est son épouse, amie avec la mienne, qui est venue demander mon aide pour une tentative de conciliation.

Cet ami anglais, venant juste d’acheter une petite maison, avait l’absolu besoin d’effectuer quelques travaux à l’intérieur de cette demeure passablement délabrée. 

Du fait de l’urgence ses travailleurs commençaient tôt le matin et terminaient tard le soir, parfois à presque minuit. Mon ami anglais les payait pour les heures supplémentaires, là n’était pas le problème.

En fin de soirée les travailleurs étant affamés, la ‘’maid’’ leur préparait un peu de nourriture, ceci afin qu’ils puissent manger et continuer à travailler. Pas grand-chose, un lucky me, sorte de soupe avec des nouilles, parfois quelques morceaux de poisson et du riz, beaucoup de riz.
Le tout arrosé d’eau et de café noir.

Un jour mon ami appris cela et le mit alors dans une colère noire, encore plus noire que le café des ouvriers.


Il se mit à hurler après les travailleurs, après la bonne et même après sa femme, ceci  d’une façon telle que personne n’y comprenait rien. Il employait certainement des mots d’anglais que bien peu, sauf à être né dans le Nord de l’Angleterre, pouvaient comprendre. Néanmoins, au ton, chacun s’était rendu compte qu’il n’était pas content, pas content du tout.

Et pourquoi était-il dans une telle colère ?

Il ne comprenait pas ou peut-être n’acceptait-il pas, qu’en plus de payer ses ouvriers il lui fallait également les nourrir et les désaltérer. De plus me dit-il, « ils font mal le boulot, ils ne travaillent pas assez vite, ils sont en retard sur le planning et au lieu de travailler ils mangent et ils boivent ! »

« Attends une minute » lui dis-je.
Je l’ai pris sous le coude, l’ai emmené un peu à l’écart et  j’ai commencé à lui expliquer que cela faisait partie de la culture locale, de la culture philippine.

Si vous avez un hôte à la maison, même s’il s’agit d’une ou de plusieurs personnes qui travaillent pour vous, même s’il s’agit de simples ouvriers, vous êtes supposés leur offrir de la nourriture et/ou à boire.

Si quelqu’un que vous connaissez, même à peine, vient à passer alors que vous êtes en train de manger, vous devez lui proposer de partager votre repas. Tous les jours, lorsque je passe à proximité d’habitations, alors que les gens sont en train de manger, ils portent leurs doigts en direction de leur bouche en me disant ‘’Kain’’, vous souhaitez manger avec nous ? C’est ainsi que cela se passe sur l’archipel.


Je sais, il ne vous viendrait pas à l’idée d’inviter à déjeuner les maçons qui sont en train de construire votre maison ou le plombier qui vient de réparer la fuite dans votre salle de bain, ou encore l’électricien qui vient de vous installer un nouveau compteur. Pas en France, pas en Europe, mais aux Philippines … oui.

Oh il ne s’agit pas de leur proposer un menu gastronomique, une simple soupe dans laquelle baigne un ou deux morceaux de viande et bien sûr du riz, une bonne assiette de riz. Pour boire, de l’eau, fraîche si possible, sera amplement suffisant.

En France, en Europe, le ou les ouvriers vont faire une pause afin d’aller déjeuner.
Peut être allez-vous éventuellement leur proposer un apéritif ou une boisson fraîche une fois le travail ou la journée terminée.

Dans le cas de mon ami anglais je lui ai expliqué que ; « s’il tu as des ouvriers qui travaillent pour toi et que tu ne les traites pas d’une façon correcte, ne t’attends pas à ce qu’ils fassent un travail exceptionnel pour toi. Il se pourrait même que le travail qu’ils exécutent soit fait d’une façon bâclée. Il faut que tu apprennes à te faire respecter, mais pas en hurlant sur les travailleurs ».

Vous vous devez de faire voir à vos ouvriers que vous vous intéressez à eux et une des meilleures façons de le faire est de leur offrir une petite collation, lors d’une pause par exemple. De vous intéresser à ce qu’ils font, comment ils le font. Surtout ne critiquez jamais leur façon de faire avant que le travail ne soit terminé. 


Vous pouvez me croire, la majorité d’entre eux, même s’ils n’emploient pas les mêmes méthodes que celles qui sont les nôtres, font un excellent travail.

Jugez uniquement au résultat, une fois que le travail est entièrement terminé.

Offrir un snack, un jus de fruit ou une tasse de café à un visiteur ou à vos travailleurs est une partie de la culture philippine. Vous montrez ainsi que vous souhaitez avoir de bonnes relations, des relations qui soient sans heurts avec la ou les personnes qui se trouvent sous votre toit.

Il ne doit jamais y avoir de heurt, de conflit, pas de confrontation, pas d’affrontement direct dans la culture philippine.

Si jamais mon ami avait continué à se comporter de la façon qui était la sienne avant que je n’arrive afin d’essayer de calmer la situation, il y a de grandes chances que les ouvriers aient quitté le chantier. De plus le bouche à oreille fonctionne parfaitement sur l’archipel, il se peut parfaitement qu’il n’ait jamais eu la possibilité de trouver de nouveaux employés.

Avec des ouvriers à la maison et à la condition qu’ils aient bien travaillé, une petite cession ‘’Imperador’’ en fin de journée le samedi, peut s’avérer un excellent investissement.


Souvenez-vous toujours du Smooth Interpersonal Relations, un des piliers de la culture philippine. 



Expériences, critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.



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1 comment:

  1. Salut,

    Ces Anglais sont impayables ou bien c'est moi qui suis trop bon.
    Ma femme a fait réparer la maison de sa mère à grand frais (Merci bibi qui paye), mais je me suis mis en colère parce que les ouvriers étaient traités comme des chiens...

    Sinon, je te félicite pour avoir réussi à garder ton mode de vie français aux philippines.
    Chez moi, ce sont les philippines qui se sont pernicieusement incrustés : repas à n'importe qu'elle heure, plus de pain, plus de plats français typiques, emissions télé débiles du matin au soir,copines philippines débiles de ma femme : heureusement les conflits entre philippines pour un oui ou pour un non ont mis un holà à ces abus.
    Et pour couronner le tout : voyage à Lourdes....

    Au plaisir de te lire.

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