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Saturday, December 22, 2012

SÉANCE DE PÊCHE ... À TERNATE !


Fiasco d’une séance de pêche écourtée !

Laurent, jeune Français sérieusement engagé avec sa July, souhaitait visiter les environs de Ternate. Il y a plusieurs mois de cela, je lui ai donc proposé un petit périple dans le coin.
Le lac Taal, il a déjà fait durant une précédente visite, donc oublions, mais ce ne sont pas les ressources qui manquent au pays des 7.107 îles.

Je lui ai donc proposé le ‘’circuit’’ suivant, individuel et en totale liberté.

Logé au Ternate Beach Resort, un tout petit resort tenu par une communauté religieuse locale, il y disposait d’une chambre climatisée et de la plage pour lui tout seul … ou presque.
Interdit de fumer et de boire de l’alcool au sein de cette communauté, mais heureusement j’ai mes habitudes et un passe droit, à la condition de rester discret.


Premier jour pour Laurent et sa future, direction le Kaylabné Beach Resort. Un complexe touristique immense qui se situe à une vingtaine de kilomètres de Ternate, en bord de mer et entouré d’un cirque montagneux.

Voici comment Laurent en parle, dans un petit compte rendu qu’il a bien voulu me faire parvenir.

Le resort de Caylabne, rejoint en jeepney par une route escarpée et peu fréquentée, a un côté presque irréel en semaine. Des installations anciennes et surdimensionnées, avec sa plage déserte, sa piscine ses dépendances s'étendant sur des hectares et la forêt tout autour d'où surgissent des bandes de macaques et des aigles pêcheurs.  Très sympa aussi le repas du dimanche midi dans le petit "cabanon" (il doit y avoir un terme plus approprié en tagalog) qui domine la plage de Ternate, une vue imprenable... et un petit côté calanques de Cassis avec les cocotiers en plus.

Deuxième jour, balade en mer à bord d’une barque locale, ces barques à balanciers utilisés par les pêcheurs locaux pour leurs activités journalières. Gilets de sauvetage, couvres chefs, crème solaire, lunettes de soleil, un grand parasol, de quoi se ravitailler en solide et en liquide et hop, au petit matin, les voilà partis en direction de Corregidor, la forteresse fameuse durant la seconde guerre mondiale. 

Je leur ai choisi comme capitaine, un de mes compadre et certainement un des marins les plus expérimenté de cette partie de la Baie de Manille, Digus, quarante années d’expérience à la pêche au calmar, il connait le coin comme sa poche.

Corregidor, la forteresse, le Gibraltar de l’Est, le Rock, le dernier rempart des forces Américano-philippines contre l’envahisseur japonais.

Corregidor capitulera le 6 mai 1942 après avoir ralenti, pendant quatre mois l’avance de l’armée impériale en direction de l’Australie. Le fameux « I shall return » du Général Macarthur avant son départ en exile vers ce même pays. Quelques beaux massacres perpétrés par les Japonais, la marche de la mort, la totale destruction de la Perle de l’Orient, de Manille la capitale, au début de 1945. Mais tout cela est maintenant oublié, ou presque.


Les impressions de Laurent durant cette balade en mer et la visite d’une partie de l’île.

Je n'oublie pas Corregidor et ses vestiges de la 2ème guerre mondiale où américains et japonais se sont livrés à une guerre totale, en France on a la Normandie, les Philippines ont Corregidor. Et puis le bouquet final, un karaoké plus vrai que vrai dans Ternate, dans un de ces endroits où les touristes ne vont pas souvent, mais un lieu authentique et de la bière à profusion ...

Mer calme durant leur visite de l’île et sur le trajet aller et retour, quelques petites vagues en fin d’après-midi, rien de bien méchant.

Il ne va pas en être de même le lendemain matin. 

Le vent souffle alors du nord et il va souffler de plus en plus fort.

Tout a commencé le matin vers six heures, heure à laquelle je me rends au marché afin d’y acheter des appâts. Oui, il nous faut des appâts si nous souhaitons pêcher.

Le meilleur appât, pour des gens peu habitués à ce genre de pêche qu’est la pêche à la palangrotte,  le ‘’Pusit’’, squid en anglais et calmar ou calamar en français. La chaire en est ferme et tiens bien à l’hameçon ; nul besoin que d’être très rapide pour répondre à une attaque.

Le ‘’Hipon’’, shrimp en anglais et crevette en français est beaucoup plus attractive, mais de nombreux petits poissons, ou même des plus gros non affamés, arrivent à piquer l’appât sans se faire prendre. Ils ‘’pit-pit’’ comme nous disons dans notre jargon. Donc il faut-être plus attentif, avoir le fil bien tendu, tout en ayant le plomb qui repose sur le fond. Donc une technique qui demande un peu plus d’expérience de la part du pêcheur.

Malheureusement, pas de chance pour moi ce matin là au marché de Ternate, pas de pusit et pas non plus de hipon. Je suis obligé de me rabattre sur une sorte de petits anchois, un poisson gras, qui ne tient pas bien à l’hameçon et qui de plus n’est pas aussi attractif que les pusit ou hipon.

Pas le choix, il nous faudra faire avec.

Direction le Ternate beach resort, où m’attendent Laurent et son capitaine et j’indique à Digus la direction à prendre.

Il faut que j’explique ; peu de locaux pêchent comme nous, ils sont plus habitués à pêcher aux filets, avec des nasses ou au fusil harpon de fabrication locale. Parfois à la traîne, mais cela est plus rare et de plus ils n’y connaissent pas grand-chose.

Donc, en une dizaine d’années de pêche avec mes techniques dans le secteur, j’ai mes coins.
Direction plein ouest, pour une petite demi-heure de navigation.

Je demande à Digus d’appuyer sur la gauche, cap sur Freilé. Il faut que nous nous retrouvions en face de Puerto Azul, un complexe hôtelier partiellement fermé de nos jours ; les deux antennes relais vont nous donner une position exacte, une fois qu’elles seront positionnées et alignées sur une certaine montagne au sommet dénudé.

Nous y sommes, je fais signe au Capitaine, celui-ci coupe le moteur, puis jette l’ancre.
Ici nous devons avoir une douzaine de mètres de fond et nous nous situons à environ trois kilomètres de la côte. Un de mes coins favoris.

Petit problème, les vagues se sont faites de plus en plus grosses sous la force du vent du nord qui souffle de plus en plus fort. La barque monte et descend, les balances tapent, le vent souffle et nous sommes parfois douchés par une eau fraîche, mais pas froide.

Néanmoins, la situation n’est pas des plus faciles ; monter un hameçon, couper et accrocher un appât, demandent de garder un équilibre pas toujours facile à conserver, à maîtriser. C’est Digus qui ouvre le bal avec un Petcho, puis un beau Lapu-lapu, puis c’est au tour de Laurent qui nous sort un Loyola, puis un Bisugo.

Quant à moi, je devrais me contenter d’un affreux, un poisson pierre que je laisse repartir bien volontiers.

Puis plus rien, plus de touches, la mer se creuse, nous sommes de plus en plus souvent douchés, le vent à encore forci … je prends la décision, décision prise bien à contrecœur vous pouvez me croire, de rentrer. Il n’y a rien à faire, les Dieux sont contre nous, les conditions deviennent par trop difficiles, la sage décision … retour sur la plage.


Nous aurons largement le temps de nous faire doucher lors du retour, retour qui va durer au moins le double de l’aller. Nous sommes contre le vent, contre les vagues et n’avançons pas très vite, pas vite du tout. Mais en se rapprochant du bord les conditions deviennent meilleures, le vent est coupé, affaiblit  par les collines qui bordent la côte sur cette partie de la baie.

La mer creuse m’a creusé, je commence à avoir faim, quelle heure peut-il être ?

Onze heures, avons pêché entre une heure et une heure trente, pas plus, et les moutons sur la mer sont de plus en plus visibles et de plus en plus proches de la côte. Combien pouvaient faire les creux ? Un mètre cinquante, deux mètres au maximum, mais mer hachée et la barque est toute petite, un esquif, un fétu de paille dès que la mer grossit.

Aucun danger, nous avons, Digus et moi, affronté des conditions bien pires, mais pas agréable pour une séance de pêche que nous souhaitions des plus calmes. Aucune intention de jouer les pêcheurs d’Islande, aucune obligation, juste pour le plaisir, pour le fun et dans ces conditions … le plaisir disparait.

Une heure plus tard, installés plus ou moins bien sous le vieux ‘’Kobo’’, nous pouvions enfin nous ravitailler ; au menu : salade à base de macaronis, avec pommes de terre, poulet, mayonnaise, des shanghais, l’éternel Pancit mais Misado cette fois-ci, les jus de fruits, les glaces et autres que j’ai depuis longtemps oubliés.

Pour la digestion, rien de mieux qu’un bain dans la baie de Manille.

Une bonne heure à barboter avant que de remonter se sécher sous le Kobo.


Cinq heures, temps de se séparer, momentanément tout du moins, afin d’aller prendre une douche et de se changer. Vers dix-neuf heures envoyons un tricycle local pour prendre Laurent et July, tricycle qui va les emmener chez Jimmy, un autre de mes compadre, celui qui tient un Bar/Videoke/ boui-boui, mais dans lequel on rigole bien.

Là, les répertoires les plus hétéroclites vont y passer ; il faut dire que la bière qui coule à flot aide grandement les chanteurs (très) amateurs que nous sommes, à se prendre pour des stars. 

Enchaînons les répertoires les plus anciens à des tubs récents, sans pour cela que l’ambiance ne retombe. Un peu après dix heures, après de nombreuses bières et d’encore plus nombreuses chansons, nous pensons qu’il est peut-être temps d’arrêter de casser les oreilles des gens du voisinage.

Rentrons tranquillement dans nos habitats respectifs où, compte tenu des boissons ingurgitées, le marchand de sable n’a pas tardé à nous endormir.


Demain sera une autre longue et difficile journée pour l’expatrié aux Philippines que je suis.

Je souhaite à tous de passer de merveilleuses fêtes de Noël.



Expériences, avis, critiques et commentaires, comme d'habitude sont les bienvenus.









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