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Saturday, December 4, 2010

KULIGLIG ... LA FIN ?


Comme il fallait s’y attendre, la tentative de mise en place du bannissement des Kuliglig(s) dans de nombreux quartiers de Manille a déclenché une violente réaction de la part des conducteurs de ces engins hybrides.

Après une tentative infructueuse auprès de la Supreme Court, la Cour Suprême, afin de bloquer l’ordonnance bannissant les Kuliglig(s), les conducteurs et leurs familles ont sérieusement perturbé la circulation autour du City Hall.

En signe de protestation, les conducteurs de Kuliglig(s) ont érigé une barricade dans une des principales rues de makati, le cœur de Manille, obligeant les autorités à dérouter la circulation de ce secteur de la capitale.

Des violences ont éclatées au niveau de la barricade lorsque les forces de l’ordre en commencé à démanteler cette dernière.
Quelques policiers et conducteurs ont été blessés durant les affrontements. Deux heures après la mise en place de la barricade, aux alentours de 14 : 00 h dans Burgos street, les manifestants ont commencé à lancer des pierres et objets divers contre les policiers.
Ces derniers ont riposté avec des canons à eau afin de disperser les manifestants et ont utilisé des camions pour ouvrir la rue, passant sur et écrasant de nombreux Kugliglig(s) utilisés pour confectionner la barricade.
Le Chef Inspecteur Marc Reyes, du Manila City Hall (mairie), commandant des forces de police sur le terrain a été touché au visage par une pierre lancée par les manifestants.


Un passant a également été touché à la tête alors que : « j’étais juste là, debout à regarder l’affrontement, quand j’ai été blessé ! » déclare-t’il.

Quelques conducteurs ont été arrêtés, mais la majorité d’entre eux ont été dispersés par les canons à eau et les gaz lacrymogènes tirés par le team du Swat appelé en renfort (Special Weapon and Training unit).
Les femmes et les enfants qui accompagnaient les conducteurs ont essayé de stopper la police de lancer des grenades lacrymogènes, tandis que certains chauffeurs s’enfuyaient dans tous les sens de façon à éviter d’être arrêtés par les policiers à leur poursuite.
Manila Traffic Enforcement Unit,
La circulation perturbée, les passagers bloqués.

Le trafic a été fortement ralenti, parfois même stoppé, dans les rues du quartier du City Hall, certains chauffeurs quittant leurs véhicules afin de voir ce qui se passait ou abandonnant leurs véhicules dans Burgos Street.
Pour leur défense, les leaders de la manifestation indiquent que l’ordonnance qui limite leurs déplacements dans de nombreuses rues de Manille et les interdits des grands axes, les privent de leur moyen d’existence. D’autre part, ils affirment que leurs véhicules sont plus écologiques que d’autres véhicules à moteur de transport public qui continuent à circuler sans restriction.
La mise en place d’une barricade, stoppant les véhicules, a obligé de nombreux passagers à continuer leur voyage à pied.

Le Chef Inspecteur Reynaldo Nava, patron de la ‘’Manila Traffic Enforcement Unit’’ a ordonné à ses hommes de disperser les manifestants et de démanteler la barricade.
« Ils ne veulent pas entendre la voie de la raison. Nous sommes ici pour démanteler la barricade et rétablir la circulation ! ». Il ajoute qu’il a fait dévier la circulation en direction de la proche Ayala Avenue et s’excuse auprès des passagers pour les inconvénients créés par l’incident.

Le trafic était totalement bloqué sur Burgos street et fortement perturbé sur l’intersection sud de cette rue, du fait des nombreux automobilistes qui ralentissaient pour voir ce qui se passait.

Seize conducteurs arrêtés et battus.

Au moins seize conducteurs de Kuliglig(s) ont été arrêtés et sont détenus dans le quartier Général de la Police du District de Manila.
De nombreux membres de leurs familles et amis se sont rassemblés en face du MPD (Manila Police District) et demandent leur libération immédiate.

Ils vont devoir faire face aux accusations de rassemblement illégal, obstruction de la voie publique et résistance aux forces de l’ordre.
Selon le rapport de Abelardo Aguilar, PO3, les conducteurs bloquaient le trafic et sont devenus agressifs quand les forces de l’ordre ont commencé le dispersement de la manifestation ; de ce fait la Police se devait de les arrêter.

Les 16 détenus par la Police, certains montrant des blessures et des marques de coups, continuent à s’opposer à l’ordonnance qui interdit leurs véhicules de circuler sur certaines routes de Manille, principalement du fait que cela leur enlève tout droit d’exister.

Selon Aguilar les conducteurs pourraient être libérés dès qu’ils auront payé la caution qui devrait leur être infligée par le Procureur de la ville (City Prosecutor).


Les conducteurs de Kuliglig(s) souhaitent faire immatriculer leurs véhicules.

Plus tôt, les conducteurs continuaient leurs efforts afin de bloquer le bannissement des Kuliglig(s), avec comme arguments qu’ils voulaient leurs véhicules enregistrés avec le Land Transportation Office (LTO). Le LTO est un Organisme public qui est chargé, entre autres, de la délivrance des licences (un peu la carte grise française), de la délivrance et du renouvellement des permis de conduire et de la délivrance des ‘’franchises’’, documents nécessaires pour l’utilisation d’un véhicule de transport en commun.
Mais le Gouvernement de la ville maintient le ban, même si les conducteurs essaient d’obtenir les permis et autorisations nécessaires.

Le Maire, Alfredo Lim affirme que l’ordonnance sera appliquée, ajoutant que les conducteurs sont depuis longtemps informés et ont eu largement le temps pour prendre leurs dispositions.
Lim ajoute : on leur a demandé d’obéir à la loi. S’ils n’obéissent pas, ils seront alors arrêtés et leurs Kuliglig(s) seront confisqués.

Tandis que la police prépare les charges qui seront retenues à l’encontre des 16 conducteurs détenus, la Commission on Human Rights (CHR), la commission des droits de l’homme, va enquêter sur ce qui est décrit comme des violences policières perpétrées lors de la dispersion de la manifestation des chauffeurs de Kuliglig(s).

La Présidente du CHR Loretta Ann Rosales fait part de sa consternation après avoir visualisé un clip vidéo dans lequel des manifestants sont battus par la police après avoir été arrêtés.
Il s’agit d’un usage excessif de la force, ils n’opposaient aucune résistance, c’est ce que nous appelons de la brutalité policière, ajoute Rosales.

Sur une vidéo de GMA news, l’on peut voir des conducteurs de Kuliglig(s) arrêtés être frappés avec des boucliers, des bâtons de police et même à poings nus alors qu’ils sont tombés ou allongés sur le sol.
Rosales a néanmoins sévèrement critiqué les conducteurs de Kuliglig(s) : « Si vous bloquez soudainement le trafic, vous êtes en violation de la Loi, car il y a des règles et règlements ».


Les manifestants vont poursuivre la police en justice.

Les conducteurs ont annoncé leur intention de déposer plainte contre la police de Manille pour le dispersement particulièrement violent qui a suivi le démantèlement de la barricade. Le groupe insistant sur le fait que ce sont les policiers qui ont déclenché les violences. Un des manifestants ajoute : « J’étais là et soudain j’ai vu des pierres lancées de leurs rangs arriver sur nous, lancées de l’arrière du véhicule des pompiers ! ».
La police souhaite l’intervention du CHR.
La police de Manille et le Gouvernement de la ville, de leur côté, maintiennent le fait qu’ils n’ont pas violé leurs règles d’engagement. « Il n’était pas dans les intentions de la police d’infliger des blessures à l’autre camp, mais nous ne voulons pas d’un autre côté voir nos hommes être attaqués ! » déclare le chef de la police de Manille Roberto Rongavilla. Il ajoute que la police souhaite coopérer avec le CHR dans la recherche de la vérité sur les incidents.

Le maire Alfredo Lim a signé une ordonnance, EO 16 (executive Order), qui interdit aux Kuliglig(s), pédicabs et tricycles de circuler dans Malate et Ermita, les deux principaux quartiers touristiques de Manille, ainsi que sur Taft avenue, Roxas boulevard et toutes les routes nationales de la ville.
Cette ordonnance aurait dû prendre effet le 1er octobre, mais la date en avait été repoussée suite aux protestations et manifestations des groupes de transports et des conducteurs.

Mais ce 1er décembre, les conducteurs de Kuliglig(s) étaient seuls à manifester. Pas de pédicabs, pas de tricycles. Ils sont peu nombreux, moins de cinq cents et ne l’oublions pas, ‘’Hors la Loi’’.
Pas d’immatriculation, de licence, de franchise, d’assurance. Leurs véhicules ne possèdent pas le minimum pour une sécurité même réduite. Freins, lumières, rétroviseurs … sont absents ou inefficaces sur ce genre de véhicules.

L’on peut tout de même se demander pourquoi il n’y a eu aucune manifestation de la part des conducteurs de pédicabs et tricycles, qui eux ont des syndicats et associations très puissants.
Ont-ils conclu un deal avec le Gouvernement de la Cité ?
Nous verrons cela dans les mois qui suivent. Wait and see, le système Filipino.

Toujours est-il, qu’à mon avis les Kuliglig(s) vont disparaitre de plusieurs quartiers de la ville … et … sont certainement amenés à disparaitre à tout jamais, tout du moins sous leurs conceptions et formes actuelles.


Expériences, avis, critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.


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